La tendance au retour au DIY est une vague de fond qui s’installe de manière assez durable dans la plupart des pays occidentaux. Dans chaque foyer, cette tendance va toucher des secteurs différents : le bricolage et la rénovation pour certains, la cuisine sophistiquée pour d’autres, et la couture dans une part grandissante des foyers. Ce savoir faire populaire, en passe de disparaitre il y a encore quelques décennies, revient en force en France. Cet engouement se conjugue avec plusieurs désirs sociétaux profonds qui ont le vent en poupe : un besoin de revenir aux activités manuelles pour présenter une alternative à la numérisation du monde, un besoin de développer des savoir faire artisanaux pour s’émanciper de la société marchande, un besoin de création également, pour échapper à la standardisation grandissante du monde post industriel.

La mode et le règne de l’originalité

Le monde recèle toujours, dans son développement économique, une large part de va et viens qui prend de cours les analystes et les commentateurs de notre société contemporaine. L’histoire de la mode est un exemple fameux de ce paradigme. Pendant plusieurs siècles, l’intérêt premier du développement de la mode était attaché à celui du luxe : paraître unique, dans des étoffes rares, avec des modèles et des coupes sur mesure imaginées par un créateur particulier. Au cours du XXème siècle, avec l’apparition du monde industriel qui permis le déploiement du prêt à porter, les amateurs de mode furent tentés par des modèles et des tissus moins personnalisés, beaucoup plus génériques, grâce auxquels il était possible de faire d’importante économies. Si l’économie du sur-mesure et des créations originales demeurait, ces dernières étaient réservées à une part ténue de la population, du fait de son prix.

Nous voyons ici poindre un des paradoxes les plus fondamentale de la société marchande : pour donner le sentiment généralisé à chaque client d’avoir une tenue unique (et donc de ne pas marcher dans un uniforme), les marques se multiplièrent et la fréquence de sortie des collections s’accéléra. Le grand public pouvait ainsi vivre l’illusion d’avoir un « style » unique, de porter des vêtements réellement choisis par lui. Cependant le DIY devait apparaitre rapidement. Les amateurs de tissu n’étaient pas dupes, et souhaitaient réellement revenir à des pièces personnalisées.

La lutte entre la technologie et une approche artisanale de la création de vêtement

L’explosion du niveau technologie n’eut pas pour seul impact une industrialisation grandissante de la société. Elle permit aussi un accès extrêmement rapide à l’information, et créa des plateformes d’apprentissage accessibles à tous. En outre, les nécessaires à couture devinrent très simples à se procurer en tant que particulier. Ces deux facteurs expliquent en grande partie le retour au DIY, puisqu’il était devenu facile, pour chaque personne ayant un peu d’intérêt dans la matière, de se positionner en tant que créateur de mode. Les profils étant très différenciés, nous pouvons y trouver des coquets qui se contente d’ajouter une touche d’originalité à leur tenue, en confectionnant un accessoire particulier, mais aussi des passionnés plus acharnés, qui se plaise à fabriquer des tenues complètes. Le monde vécu à travers des écrans semble insuffisant pour une grande partie de nos contemporains, et le travail du tissu semble être une réponse intéressante développée par le grand public.

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